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24Oct/18Off

Climat scolaire, violence et cyberviolence

Des études sur le climat scolaire renseignent depuis plusieurs années sur les expériences scolaires des élèves. Les enquêtes réalisées par questionnaire s’intéressent aux victimations vécues ou rapportées par les élèves, mais également à leur sentiment d’aise et de sécurité dans leur établissement d’appartenance. La prise en considération de ces perceptions auto-reportées repose sur la démonstration qu’un climat scolaire négatif ou tourmenté constitue un facteur de risque pour le décrochage scolaire. Adoptant un point de vue genré, la recherche sur les violences entre pairs dans les établissements scolaires s’est développée plus récemment en France et a porté attention aux relations entre les filles et les garçons et aux mé- canismes conduisant à la soumission/domination dans les échanges relationnels ordinaires banalisés par les jeunes, invisibles pour les adultes. La définition de la recherche et de ses enjeux sociaux, éducatifs, politiques a mis en évidence le caractère novateur de la définition de l’objet d’étude « violences de genre entre élèves » en cours de constitution. Cependant, en 2013, ces auteur-e-s n’avaient pas inclus dans la définition de leur objet de recherche, les nouvelles voies de médiation de la violence que constituent les outils du numérique dont sont largement munis les jeunes. Avec l’émergence des outils numériques et des réseaux sociaux, d’autres travaux se sont intéressés aux épisodes de violence issus du cyberespace ou y trouvant une continuité. Ces études se sont d’abord occupées à mieux comprendre le phénomène. Assiste-t-on à l’émergence de « nouveaux » types de violence dans lesquelles les outils numériques constitueraient un moyen de plus pour commettre des actes de violence au quotidien ? Une synthèse de Schultze-Krumbholz et al. (2015) montre l’évolution de la centration des objets de recherche portant sur les outils numériques et les cyberviolences pouvant affecter le milieu scolaire. Au cours de la dernière décennie, les centrations ont porté à la fois sur les usages numériques et parallèlement sur les cyberviolences et le cyberharcèlement. Ainsi s’est progressivement dégagée la conjonction entre les espaces dans le développement des violences : Ybarra et Mitchell (2004) ont montré que les violences entre élèves sont aussi souvent des violences commises en réseau, tandis que Vandebosch et Van Cleemput (2008) ont pointé l’existence d’un groupe social hors ligne dans les faits de cyberharcèlement. La conjonction de ces résultats conduit à dessiner un phénomène interpénétré entre le cyberespace3 et l’espace présentiel4 s’appuyant sur l’existence d’un groupe social dont les individus peuvent fluctuer plus ou moins selon les espaces. Les supports utilisés pour les cyberviolences sont évolutifs et dépendent des outils accessibles selon les contextes historiques, géographiques, sociaux et individuels. L’accroissement du phénomène est attesté, ainsi que la prédominance d’utilisation des réseaux sociaux qui ont supplanté définitivement la messagerie ou les espaces de discussion instantanée. Ces nouveaux supports et ces nouvelles pratiques occasionnent de nouvelles potentialités de diffusion des actes d’agression par l’élargissement de leur périmètre de diffusion et de dissémination. Ces évolutions perpétuelles des technologies digitales façonnent autant les usages des espaces sociaux que les interactions qui en découlent, aussi est-il indispensable d’envisager ces interactions sous l’angle de la facilitation du rapprochement victime-agresseur. Il convient donc de garder à l’esprit que ces interrelations sont fluides, mouvantes et ne peuvent être appréhendées selon des modalités uniques ou pérennes. Ces caractéristiques impactent nécessairement, de manière spécifique, toute réflexion sur la prévention des cyberviolences.

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