Sortez couverts

19Fév/21Off

Une coopération de l’Inde et de l’Europe

La publication par le gouvernement allemand de ses «Orientations politiques pour la région indo-pacifique» en septembre dernier, dans lesquelles il annonçait qu'il travaillerait avec le gouvernement français pour élaborer une stratégie européenne sur les relations avec l'Indo-Pacifique, a ouvert un nouveau débat au sein de l'Union européenne. Après des mois d'hésitation, Bruxelles envisage enfin la possibilité d'adopter sa propre stratégie indo-pacifique, suite à une initiative conjointe de la France, de l'Allemagne et des Pays-Bas. Pourtant, les trois pays sont tout naturellement en désaccord sur la nature et la portée d'un éventuel engagement européen en faveur de la sécurité de la région. S'ils convergent vers les grands objectifs de sécurité qu'une stratégie indo-pacifique de l'UE devrait promouvoir, ils diffèrent sur les moyens politiques et militaires qu'ils sont capables et désireux d'engager dans la région. En outre, et peut-être plus important encore, ils diffèrent sur le rôle que les États membres devraient jouer. Du fait de ses populations et de ses territoires de l’Indo-Pacifique, la stratégie de la France comporte une dimension militaire largement absente des documents publiés par l’Allemagne et les Pays-Bas. Les deux autres pays insistent essentiellement sur la dimension normative de la sécurité et voient leur contribution beaucoup plus à travers le prisme du renforcement des institutions de sécurité existantes.

La Chine est le problème central de l'Europe. Si l'UE la considère désormais comme un «rival et concurrent systémique», il n'y a toujours pas de consensus parmi les États membres sur les voies et moyens de faire face à sa montée en puissance. La pandémie de coronavirus, entre autres problèmes, a considérablement détérioré l’image de la Chine en Europe, mais les vulnérabilités individuelles et le degré de risque politique que chaque pays est prêt à prendre dans sa relation avec Pékin inhibent toujours la définition d’une position commune sur la Chine. Ces différences sont susceptibles d'éclairer le débat européen plus large sur l'Indo-Pacifique. Mais ils n'empêcheront peut-être pas l'adoption d'une stratégie de l'UE qui reposera inévitablement sur un ensemble plus large de considérations économiques, politiques et environnementales. L'adoption d'une stratégie indo-pacifique de l'UE est susceptible d'avoir lieu cette année, même s'il existe un risque réel que ce calendrier se fasse au détriment de la dilution du concept stratégique.

Remplis sous: Non classé Commentaires
Commentaires (0) Trackbacks (0)

Désolé, le formulaire de commentaire est fermé pour le moment

Trackbacks are disabled.